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Mon grand-père était l'un des premiers fabricants de piano du Japon : les pianos HIROTA.

Alors, dans ma famille, tous les enfants, nous étions deux plus les cousines, cousins, etc., jouaient plus ou moins du piano...

 

Enfant, un peu perturbée, je jouais parfois en pleurant, et j’ai trouvé dans mon piano un ami fidèle, qui comprenait mes tristesses, mes douleurs et mes joies….Sans doute, c’était une sorte de thérapie...

 

L’éducation japonaise est faite pour qu’on devienne ''comme il faut'', c'est-à-dire comme les autres. Il s'agit d'entrer dans un moule pour se soumettre à l’autorité, et alors on est comme un robot… D’ailleurs les japonais fabriquent de merveilleux robots aujourd’hui.

 

J’avais des difficultés pour obéir à qui que ce soit, si je ne trouvais pas la personne inspirante…, ou s’il n'y avait pas de sens...

C’était archi-difficile de vivre au Japon…, pour moi.

C’est pourquoi je suis en France, le pays de la Liberté, de l’Égalité et de l'Humanité.

 

Rencontrer mon maître, Louis Hiltbrand (1916-1983), au Conservatoire de Genève, a été le grand choc, décisif, de ma vie.

Il nous demandait les raisons de nos choix, de nos décisions, de nos actions..., quelles nécessités logiques il y avait entre telles choses..., et surtout d'écouter la « voix intérieure », peut-être celle de l'enfant en soi. C’était quasiment le contraire de l’éducation japonaise…

La voix intérieure, c’est comme le sens et la valeur de ce que l’on ressent, quand cela résonne à quelque chose ou à quelqu'un.

Sans cette résonance, sans cette profondeur, sans cet écho, il n’y a pas de sens pour moi.

 

C’est la Vie qui parle à travers la Musique.

S’il n’y a pas de cette résonance, pour moi ce n’est pas de la Musique…

 

Alors, la question est : comment je vis ?

Comment je veux vivre ?

Qu’est-ce que c’est, ma vie ?

 

Ensuite, quand j’ai joué les compositions de Hiltbrand inspirées de l’esprit japonais, j’ai été bouleversée…

 

Ces œuvres m’ont fait vibrer, résonner, et elles ont retenti dans mon cœur.

Je suis japonaise…

Pourquoi je joue de la musique occidentale…. ?

Même si ma famille était dans le piano occidental...

 

La réponse, c'est l’étude de la composition, après le Conservatoire de Genève.

C’est aussi grâce à un psychanalyste jungien, Elie G. Humbert, qui m’a aussi donné un outil qui m'a permis de trouver ma voix, et ma voie.

L’authenticité !

Être naturelle...

Ma première composition fut inspirée de la gagaku ( la musique de la Cour Impériale Japonaise), mais au piano...

A partir de ce moment, curieusement j’ai enfin pu jouer de la musique occidentale sans hésitation…

Sans doute parce que j’avais intégré le Japon en moi...

 

J’ai ensuite composé et puis j'ai découvert le son des pots de fleurs et des autres objets de la vie quotidienne, qui étaient là, comme attendant d'être rencontrés…

Les pots de fleurs n'ont pas été fabriqués pour être des instruments de musique, mais quel son !

 

Ça a été une découverte féerique et mystérieuse de ma vie.

Le piano ne peut pas donner ce son, pourtant il est fait pour produire une variété de sons extraordinaires, tandis que les pots de fleurs, non.

Ce ne sont que des... Quoi ? Oui, quoi ?

Le noble instrument contre l’objet utilitaire ?

L’âme sonore des pots de fleurs m’a signalé ma vision anti-démocratique, raciste !!!

En plus, tout dépend de comment je joue d'eux …., piano et pots de fleur, ils dépendent de ma vision, de mon interprétation et de ma relation avec eux.

 

C’est l’expression de ma vie.

Pour partager cet art, cet outil de découverte de soi-même, j’ai créée un atelier « Le Son des Chose », et cela a été une véritable leçon de la Vie.

J’ai composé pour ces objets !

Notamment, j’ai composé, « Noir et Blanc », commandé par le musée Matisse de Nice en 2000.

 

J’ai composé des œuvres pour piano, mais j’ai aussi composé pour d'autres instruments, par exemple pour un duo piano et Shakuhachi (un instrument japonais, une flûte de bambou), j'ai créé des spectacles de création sonore pour accompagner la lecture de poèmes (Francis Ponge, notamment) « Monde Muet » à Maison de la Poésie, Théâtre Molière, à Paris, ou des contes japonais, ou de la danse...

J’ai créé ainsi un spectacle, également pour le musée Matisse de Nice, avec danse Butô et danse contemporaine, pour l’exposition « Rodin et Matisse ».

 

Entre-temps, j’étais très intéressée par les différentes cultures, et par la différence des cultures. Notamment par l’ancienne civilisation de l’Égypte, et sa doctrine de la pluralité des âmes, des éléments naturels, et par l’animisme, à la racine de toutes les civilisations du monde.

C’est pour moi comme une cohabitation, quasi totale, avec la Nature, en fait...

Et aussi, j'étais à cette époque-là intéressée par la civilisation tibétaine… J'étais allée au Tibet et j’avais été fascinée par sa culture, qui était profondément reliée avec la nature, avant même l'arrivée du Bouddhisme. J'avais d'ailleurs commencé à étudier le tibétain à l'INALCO, aux 'Langues O', à la fin des années 90, et un peu le Bouddhisme. Mais la spiritualité en général m'intéressait à cette époque-là, et aussi la lecture qu'en fait Jung, les archétypes, l'individuation, le Soi...

Je suis allée aussi au Sénégal, pour animer une correspondance picturale par dessins entre des écoles primaires sénégalaise et française...

 

Un jour, une voix intérieure m'a fait sentir que je devais créer ma propre place….

C’est ainsi j’ai fondé une association, Piano-no-ki, ''L'Arbre à Piano'', en 2006.

C’est un lieu d’échanges culturels, notamment franco-japonais, bien sûr, mais pas seulement, pour développer la conscience de notre rapport fondamental avec la Nature, le désir de l’authenticité de soi vis-à-vis de soi, le respect de la différence des autres, culturelle notamment, et ce que j'appelle « le partage du cœur », un partage à un niveau plus profond que seulement intellectuel, qui permet de nourrir la créativité, et même la création...

 

En 2009, nous avions acquis une yourte, venue de Mongolie. Aujourd’hui, à Chambon, en Charente-Maritime, elle s’ouvre pour l’Écologie et la Culture. Nous venons de fêter son 10ème anniversaire.

 

 

Annexe : Statuts de Piano-no-ki

 

Piano-no-ki («Arbre à piano ») veut être un espace culturel dédié à la « création artistique naturelle ». Piano-no-ki se propose de contribuer à la découverte de soi-même par l’écoute profonde, qui est une résonance du cœur.

 

Quand un espace d’authenticité, un « jardin secret », s’ouvre au travers d’une expression artistique, cette expression, qui a su se dégager de tous les critères et idéaux issus d’un conditionnement non réfléchi, permet alors de communiquer, de résonner vraiment avec l’autre.

 

La Vie est relation, résonance, rencontre. Nous pensons que c’est seulement dans une expression attentive de soi, qui est alors communication véritable avec l'autre, qu’une authentique communion pourra s'épanouir, qui libérera chacun de son conditionnement, qui l’isole des autres et de la Nature.

 

Piano-no-ki fera la part belle à la musique mais ce lieu sera également un espace consacré à toutes les formes d’expressions artistiques et culturelles : la danse comme la poésie, la poterie comme l’architecture...

 

Une pratique et une création artistiques en résonance, partagées, une découverte et une initiation réciproques à des univers culturels différents sont des vecteurs essentiels d’une authentique communication. Cependant, pensons-nous, cette ouverture doit toujours recevoir son la d’une relation permanente et profonde avec la Nature, sentie comme Source de toute harmonie et de tout accord.

 

C’est donc avec l’intention de développer cette conscience : nous sommes une partie de la Nature, que Piano-no-ki est fondé. Afin de nous mettre en accord avec elle, et avec nous-mêmes, et pour exprimer cet accord.

 

Création et nouveauté peuvent êtres magnifiquement reliés avec la sagesse des traditions. Elles ont reçu Lumière de cette inspiration traditionnelle qui les nourrissait, elles lui donnent à leur tour Vie. La richesse culturelle des traditions culturelles françaises et japonaises, cœur initial de Piano-no-ki, par leur « grand écart » Extrême-Orient / Extrême-Occident, ouvre déjà très largement, comme base, une inter-fécondation pour la création humaine, initiant une harmonie qui pourra, nous l’espérons, s'étendre et devenir plus universelle.

 

Piano-no-ki organisera donc toutes sortes de manifestations culturelles, spectacles, concerts, expositions, conférences, ateliers, débats, éditions, bref tous les moyens propres à nourrir cette relation.

 

 

Le 11 mars 2011 marque une date pour moi : c'est le jour où le centre nucléaire de Fukushima a explosé, à la suite d'un tsunami… J'étais en train d’organiser des événements dans notre yourte, à Monceau-lès-Maux, en Île-de-France... Ma vie en a pris un tout nouveau tournant…

 

J’ai été secouée par l’annonce du tremblement de terre, suivi du tsunami... Incroyables, horribles étaient les images, remontrées tous les jours… même en France. Hélas, là est la grande force de la Nature….

Mais les informations qui parvenaient sur l’accident à la centrale nucléaire de Fukushima étaient de plus en plus inquiétantes. Chaque jour j’écoutais la radio, avec le Pr. Koïdé. Il était devenu leader pour l’opinion sur ce problème de la radioactivité…

J’étais déchirée entre la pensée sur le Japon et les activités dans la yourte….

 

J’aurais voulu rentrer au Japon, je pensais que le peuple japonais aurait dû bouger contre son gouvernement, qui lui mentait sur la sécurité et le danger de la centrale nucléaire. J'espérais que le Japon changerait : c'était l'occasion où jamais pour lui, avec cet accident et la fausseté de la décision du gouvernement ; mais la plupart des gens étaient passifs et les médias principaux n’informaient pas des existences des manifestations partout au Japon, 54 réacteurs construits sur une terre sismiques, en plus de tous les éventuels risques de ces monstres, vous voyez la bêtise ?…. Mais non, rien ne changea. Même si c’était tout à fait déraisonnable de ne pas changer...

 

Le peuple japonais est toujours bien obéissant, hélas….

 

Alors j’ai cherché ce que je pouvais faire, et dès l’été 2011 j’ai voulu inviter des enfants de Fukushima, pour un séjour de décontamination en France. J’ai contacté des associations en France qui accueillaient depuis plus de 20 ans des enfants de Tchernobyl, pour savoir ce qu’il fallait faire…

Et aujourd’hui je travaille avec eux encore.

 

L’accident nucléaire de Tchernobyl... Pourtant j’étais à Paris, mais complètement à côté de la plaque... Je ne connaissais pas ce que c’était, ça, un « réacteur », une « centrale nucléaire »... Aussi dangereux que des bombes atomiques, en fait…

 

Je me suis donc réveillée en 2011, et j’ai commencé à chercher des informations pour me rapprocher de la réalité, et des informations plus proches de la réalité que les désinformations gouvernementales japonaises...

Heureusement, par internet on pouvait découvrir pas mal de choses en 2011.

 

Je donne des concerts au Japon aussi pour avoir l'occasion de parler de Fukushima. Cet automne j’ai improvisé sur des poèmes d’une poétesse, Fukushimaite.

 

Que ce passe-t-il dans le monde ?

Il me semble que nous avons oublié toute co-habitation avec la Nature.

Au nom du confort, du plaisir, de la facilité, en recherchant l'argent et une assurance contre tout, même un petit risque, il me semble que nous avons dépassé les limites données par la Nature…

 

Aujourd’hui, pour pratiquer et réfléchir sur la Nature, avec nos authenticités naturelles et dans la Nature, j’organise le Piano-no-ki Summer School Camp, pour des enfants de Tchernobyl et de Fukushima, et finalement pour tout le monde. Vous êtes invités à Chambon, où notre yourte s'est posée après un long vol en passant de Seine et Marne, et Cévennes...

 

Pourquoi en Charente Maritime ?

Parce qu’il y a un mouvement écologique qui commence à y pousser, pour notre vraie santé, la santé de notre vrai cœur : la sincérité de nos rapports avec la Nature.

 

Debussy « Clair de lune », dans cette pièce, à travers la Lune, je suis aspirée par le Cosmos.…

 

Je suis ravie de venir en Charente Maritime. Aujourd’hui, j'y viens presque une semaine par mois pour participer à ce mouvement et ''partager le cœur'' à travers la musique.

Je donnerai un concert à l’église Saint-Nazaire de Bernay-Saint-Martin, 17330, le dimanche 24 novembre, à 16h, organisé par l’association « Les Dimanches de Bernay ».

 

Je joue souvent Chopin aujourd’hui, avec compassion en imaginant son cœur déchiré de patriote polonais.

 

Chopin Nocturne op. 27, n°2

 

 

pianonoki.wix.com/yukohirota/fukushima

 

 

LE SENS DE MA VIE,

 

le sens d’être une pianiste-compositrice japonaise.

 

J'ai écris pour l;emission "Scène ouverte" que vous pourrez regarder en même temps. 

Cliquer le vidéo à droit...

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